Repères

Troublants bruits noirs

À l'invitation du collectif Fléchir le vide en avant, à Besançon.
Présentation de l'action: https://flechirlevide.com/autoecole1/

Troublants bruits noirs

Un jour je reçois un appel m'invitant à participer à un workshop sur la thématique :
« Trous noirs & bruits blancs », mêlant approches scientifiques & artistiques.
Une astrophysicienne devait venir expliquer les trous noirs & moi je devrais parler des bruits blancs (suite au billet que j’avais publié dans la recherche sur le Vénéon).

OK, challenge, une semaine à Besançon & une conférence dans le grand théâtre.
Un joyeux collectif d’artistes curieuxes en tous genres.
Une bonne ambiance studieuse & dynamique, des synergies.

Au retour, ne pouvant être présent pour le vernissage de l’exposition finale, je leur ai bricolé ma vision d’une des idées qui avait fusé dans nos échanges.

Accompagné de cette petite note d’intentions :

1 - Personnellement je suis plutôt sceptique sur la question des correspondances entre modalités sensorielles. Autant la synesthésie (perception du monde par tous nos sens confondus) me parait un phénomène normal, banal & quotidien, autant les mises en relations de ce qu’on perçoit avec l’un de nos sens isolé avec ce qu’on perçoit avec un autre me paraissent des constructions métaphoriques ou symboliques : dire qu’un son est haut ou bas, qu’il est chaud ou froid, proche ou lointain, qu’il est clair ou… grumeleux… ne sont que des convenances qui témoignent surtout de notre manque de vocabulaire.
Un son est-il de droite ou de gauche ? Ce n’est pas une question politique mais dépend de la position de nos oreilles &/ou de la technologie stéréo, & entre ces polarités binaires il y a tout le spectre des nuances, toutes les incertitudes inconnaissables, du fait même qu’un son évolue dans la triple dimension de l’espace, du temps & de la conscience.
C’est cette dimension spectrale que j’ai choisi de creuser avec vous cette semaine : le spectre du visible, celui de l’audible, celui de la prise de conscience ou de l’intellection (perception + mémorisation + construction).

2 - « le son c’est ce qu’on entend lorsqu’on ferme les yeux » Mais qu’arrive-t-il lorsqu’on écoute en regardant ? comment travaille-t-on, explore-t-on cette dimension ?
Je ne vous fais pas un résumé de tout ce qu’on a inventé depuis la préhistoire pour y répondre, Mais voilà vers où m’ont porté nos résonances (c’est une hypothèse mise en gestes…) :
Le spectrogramme acoustique est encore assez peu répandu dans la manière dont les gens visualisent le son. C’est un écran qui représente horizontalement le temps, verticalement les fréquences & en couleur leur intensité. C’est tout con : ce qui est blanc est clair, ce qui est silencieux… plutôt noir … ou violet sombre… Après on peu zoomer dans le temps, sculpter dans les fréquences… & écouter le résultat !
Voire travailler dans l’ensemble de ces dimensions, mais je débute dans l’exercice, & j’imagine que Morgane a + d’ambition que moi… »

3 - si le son n’était qu’un matériau dans lequel on peu tailler, sculpter, avec lequel on peu peindre ou construire, voire manipuler des foules, Ce serai un peu facile ! Car c’est aussi un espace-temps porteur de sens… (Au triple sens du mot sens & à leur tressage entres eux…)

4 - Note d’intention ? J’ai fait des trous noirs dans des bruits blancs, avec ma petite souris, Mais comme je savais que ça allait se voir, je ne les ai pas faits n’importe comment : Bon, d’accord, l’écriture n’est pas le seul mode organisé de la vision...