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Aφina

mai 2003 - audio - poésie & x media

(à l'origine conçu en flash à la fois sonore, visuel, textuel & interactif - n'en reste que de l'audio, le texte & quelques photos devenues inutiles...)

On peut encore lire ça comme un journal de bord ou un long poème
rythmé par quelques illustrations sonores...


dear Nikos & Lia,

2 mai 2003
Voyant défiler les premières côtes de la passe,
je cherche encore un point d’entrée imaginaire à la Grèce.
Le contraire d’une thématique : une forme de cliché qui serait impossible à trouver dans un magasin de souvenirs.
Sur ces collines pelées je revois courir de jeunes pâtres derrière leurs troupeaux de chèvres, ou inventer, à l’ombre d’un olivier, aux heures chaudes du jour, des mélopées de leurs flûtes doubles (syrinx ?) ; et le soir, dans l’orbe d’un feu de camp, colporter et tresser toutes les histoires et les légendes qu’on connaît, sur les amours des bergères (pastorales), sur l’origine des étoiles et l’au-delà de l’horizon.

C’est Patra(s) / le port d’accostage.
Peut-être un nouveau double jeu des éthymologies :
systématique & thématique : melos / pathos / atmos et rythmos réunifiés,
à construire, aux sources des sens de cette culture éternellement antique
& qui n’en fini pas de se métisser et de s’assouplir.

Train de Patras vers Aφina


Carnets de trains :
Depuis ce premier voyage aller-tour en Talgo vers la Catalunya, où j'expérimentais l'enregistrement in situ tout en étudiant la portée ferroviaire de JLBardyn (talgo/talgo/1997 ?), c'est resté comme un passage obligé, ou un exercice de style : enregistrer ce que font les gens dans un train ?
Ils se plongent dans une lecture, ou une écoute ou bien rêvassent en regardant le paysage, ou discutent.
J'imagine, essaie d'illustrer, pour ceux qui se plantent des écouteurs dans les oreilles (avons-nous croisé le regard de vénus le 10 mai 2003 dans le RER de CDG à Paris ?),
une série de ballades auditives qui viendraient (se) mettre en relief :
Le balancement du train avec celui de Hannover vers Berlin / de Burgas vers Plovdiv (syndbad5/2000) ou de Lisboa vers Aveiro (les oiseaux immobiles/2002),
et se compléter, au rythme de la construction européenne, de l'extension des réseaux
ou de la prise en compte de la richesse et de la diversité de ce patrimoine sonore ferroviaire, fin XIXe ->...open your ears ...

Les compagnons de voyages ( EURAIL voyagers)
Rencontrés le long d'un trajet de bus vers le port de Bari (the Cricket & his brother / (2 faux américans d'Australia) /
met along the busway to the port of Bari (ben & momclean from sydney) /
au guichet du ferry / Esteban /
at the ferry gate / from Costa rica / living in spain /
sur le pont ou à la gare de Patra(s) / Kevin le coréen / et ce portugais dont je n'ai jamais entendu le nom /
sociétés franches et ephémères /
le long du paysage je me dis :
l'Olympe devait être un de ces coins superbes / où un groupe de potes s'est retrouvé un jour par hasard /
et leurs descendants (faunes et flores comprises)
nous en racontent encore l'histoire /

Aφina
3 mai 2003
ERMOU

Transition du boulevard automobile vers une artère piétonne qui descend vers la (nouvelle) place de Monastiraki.
L'exemple de métabolos sonore : l'Orient, l'Afrique et Electre sont là.
Quelques études acoustiques aussi, entre l'air et la terre.

Relève de la garde / danse d'ares /

Le peuple grec conserve / comme ses voisin slaves ou turcs / cette culture guerrière /
c'est là que ça se frittait / depuis des siècles /
depuis peut-être les origines de la culture oxydentale /
au sein de laquelle certains voudraient encore se croire enclos /
là que les mèdes / les perses / les hellènes se disputaient chaque île /
là que se dessine toujours cette ligne de couture entre les civilisations /
et que de chaque côté des frontières / comme dans un conte d'Andersen /
on admire l'uniforme et l'impassibilité de ces jeunes gens /
la ponctualité / la chorégraphie et le rythme / de cette danse rituelle /

(Parfois la tetart experience (2 micros sur les oreilles) est trop longue à mettre en place : l’événement survient et risque de ne pas durer, juste le temps de sortir les micros et d’appuyer sur record, sans bouger, à la limite (intuitive) de l’espace autorisé au public et ne pas esquisser un geste pour répondre lorsque le téléphone sonne au fond du sac, me demandant si je ne vais pas être arrété pour trouble à l’ordre cérémoniel ?)

4 mai 2003
AEGINA
/ un dimanche

1 - Embarquement, port de Pireas, tetart experience avec les oreilles de Lia.
il faut réagir vite, agir, sortir les micros, les confier (confiance) à quelqu'un,
appuyer 2 ou 3 boutons dans le bon ordre, et puis écouter ...

2 - Basses fréquences / sur la plage de Perdika

Surpris par la résonnance ou la réverbération des gros bateaux qui passent, si loin au large, j'ai d'abord cru que les îles montagneuses, en face et sur le côté, nous renvoyaient le son des moteurs qui vibrent.
Mais dr Nikos, acoustologue - Cresson, me fait remarquer que ça pouvait être la mer elle-même, mise en branle par les moteurs, qui resonnait...?

Plutôt la voix de Poseidon que celle des Sirènes ... ?

3 - Office orthodoxe / dans le port d'Egine /

Comme dans les pays d'islam avec l'appel du muezzin, le service religieux déborde dans l'espace public par 2 ou 3 HP installés sur la façade de l'église, comble où il est impossible de pénétrer.
Le porche se transforme en antichambre, où les hommes, plus laïcs peut-être leurs femmes ou simplement arrivés à la bourre, discutent politique ou résultats sportifs ?

Psalmodie où me remontent en mémoire les leçons sur les origines de la musique oxydentale de mon maître J.Giroud.

5 mai 2003 /
odos HELLANIKOU

Une petite rue, le matin, j'attendais le trompettage du vendeur de poissons ou de je ne sais quoi, qui n'est pas passé ce matin là...

Aφina / Ecole d'Arts 

Une journée à suivre Dr Nikos Rémy qui donne un cours sur les espace sonores & l'acoustique à l'école d'art.À déambuler dans les couloirs & les ateliers, tetart à l'air...

Tour d'école

Je crois que c'est dans un musée broque de Warszawa que j'ai pris l'habitude de découvrir les espaces à l'oreille, en y sifflotant cette petite déclinaison de notes et de fréquences, les écouter se nicher dans les moindres recoins réverbérés ou filant le long des corridors carrelés (fx couplage et combinaisons de formes sptiales). À écouter aussi entre, les voix qui donnent des repères...

Atelier mosaïques




6 mai 2003

"that's an original sound" / Πλατεία Προσκόπων

J'ai d'abord cru à un effet d'imitation,
mais peut-être était-ce un simple effet d'éducation ?
Trois parques : Fustunitsa (5 mois), Maria, sa mère,
& la troisième, dont je n'ai jamais su ni le nom ni l'age,
mais qui est peut-être aussi sa mère,
tissent le destin de quelqu'un qui naîtra un jour,
au son du hochet...

odos Tripodon « the most traditional restaurant »

Petite terrasse ombragée dans les petites rue de Placa qui s’agrippent à l’Akropolis. Calme. Trois serveuses rousses qui doivent être des sœurs. Vent et sérénité.
Jusqu’à l’arrivée d’une femme et deux hommes, français, qui se comportent comme des caricatures de touristes : « vous parlez français ? / non ? / zut / do you have champagne ? / no ? / we want all you have… » etc  

7 mai 2003

Deux petits poèmes autour du Philopapou

1 ***

Éole est folle
et danse et seule
nous sauve
de la chaleur  - intense
et de la pollution
et danse et donne
vie et consistance
aux poussières de pétales et particules
de papillons que nous sommes.

Éole en tous sens
gire et vire et donne
aux branches
aux voiles
aux ailes des parasols
sens et danse et vie
qui sinon
s’accablent vers le sol.

2 ***

Tous ces dieux manchots / défigurés / décapités / émasculés dans la pierre du temps / impassibles sous les caresses supersticieuses de millions d’autocars de touristes /
toutes ces légendes lentement mythifiées en religions et lentement simplifiées et brièvement résumées en étapes dans le parcours d’un guide / vert ou bleu ou baedeker décoloré par le fil des siècles et des millénaires en 1/60ème de seconde /
me donnent envie d’esquisser à leur place / lentement / très lentement / un sourire de marbre / un haussement de sourcil / un bras / retourné en poussière / d’honneur.

Philopapou (celui qui aime les papous ? )
Petit paysage pour drône urbain, vent dans les feuillages et sac poubelle

Souvent je me repose la question : alors à quoi ça sert d'entregistrer ces sons ?

Sur l'une des deux collines qui bordent l'Akropolis, je me dis :
ferme les yeux et imagine :

Ce vent du nord, ces arbres, sont les mêmes qu'entendaient Socrates, Péricles ou plus tard Alexandre, les même qu'ont pu chanter Cafavis et d'autres aèdes et qui ont fait pleurer de nostalgie les révolutionnaires assiégés.

Peut-être ce mugissement lointain et profond, régulier sans être ryhtmé, envahissant jusqu'à disparaitre au moindre souffle ,leur rappellerait celui de la mer, pas si lointaine, certains soir de tempête ou d'incertitude.

Mais le sac poubelle est le pur témoin, innocent, des siècles after, du passage d'un employé municipal qui lutte à sa manière contre les conséquences de l'invasion touristique...

8 mai 2003
odos Aiolou

Petite rue, semi piétonne du centreville, mais ce n'est plus ce qui compte.
J'avais promis à Euterpe et Terpsychore de ne plus m'occuper de musique depuis que je travaille sur l'espace sonore et la ville, mais parfois on est surpris par un l'étonnant Sharawadji d'un urban soundscape :
Deux motos enlacent de leurs ronrons-ronrons l'apparition d'un antique personnage à la voix irréelle (c'est comme ça que j'imagine Homère) et de, ce que faute de mieux, j'appelerais une cithare de barbarie.

(le style et l'instrument mériteraient une étude musico et organographique développée)

 

8 mai 2003
Des arbres éléphants (phytolacca dioica) dans le parc autour duquel s’organise le quartier des palais et des ambassades.
Hier soir on mixait du son pour une video de Maria xxx qui présente un roman d’une autre amie intitulé « platanus orientalis », métaphore de la branche et de la vie.

Aujourd’hui je cherchais, encore plus haut dans le quartier de Placa, une autre terrasse pour déjeuner que j’avais repérée hier.

Je viens de réaliser la raison de mon obstination à retrouver celle-ci et pas une des nombreuses autres (réaliser = créer une connection qui tresse ce qu’on peut appeler un destin lorsqu’on ne croit plus suffisamment aux coincidences) : la taverne s’appelle « platanos ».
Tout se passe donc bien,
tant qu’on ne cherche pas à déceler les raisons profondes à toutes ces histoires de destin ou de fortuna...